Est considéré comme un jeune aidant un enfant, un adolescent ou un jeune adulte de moins de 25 ans qui vient en aide de façon significative et régulière à un proche atteint de maladie ou de handicap, sur le plan physique ou mental.

Dans cette famille d'aidants, les situations sont très diversifiées, mais elles ont en commun le fait d'avoir à assumer à un âge précoce un rôle habituellement dévolu à des adultes, tel que c'est le cas dans les autres familles d'aidant.es (conjoint aidant, salarié aidant, parent aidant, fils ou fille adulte aidant...).


Comme dans les autres familles d'aidants, l'impact de l'aidance sur le jeune aidant peut être léger ou au contraire très important. 

On peut citer quelques exemples afin de se faire une idée de la diversité des situations :

  • jeune scolaire, étudiant ou jeune travailleur accompagnant l'un de ses parents malade ou handicapé, aux côtés de l'autre parent, ou bien seul à assumer l'aide, dans le cas de famille monoparentale notamment,
  • jeune adulte prenant en charge la dépendance d'un grand-parent,
  • jeune membre d'une fratrie dans laquelle un autre enfant est touché par la maladie ou le handicap, apportant son aide aux côtés des parents,
  • mais aussi jeune enfant dont la vie est conditionnée par le handicap ou la maladie d'un parent ou d'un.e frère/soeur, et qui apporte de fait, à un âge très précoce, sa propre contribution à l'accompagnement du proche. En outre, les soins donnés au proche aidé se font parfois au détriment de l'attention et du temps dédiés à l'enfant bien-portant. 
  • On peut à ce sujet écouter l'émission diffusée sur France culture en mars 2022 :
  • Grandir dans une fratrie (très) singulière.

Une famille d'aidants encore peu connue 

Les jeunes aidants en tant que catégorie spécifique n'ont une visibilité (relative) que depuis peu de temps. En 2021, une étude de la DREES* évalue leur nombre à environ 500 000, soit 5,3 % de l'ensemble des aidant.e.s.

En 2017 une étude Ipsos-Novartis  se proposait d'étudier qualitativement la population des jeunes aidant.e.s. On y apprend , entre autres, que plus de la moitié de ces jeunes accompagnent leur mère, 15 % un frère ou une sœur, et 14 % une grand-mère. 

Les jeunes aidant.es ont un sens précoce des responsabilités. Ils considèrent généralement que leur expérience singulière est une richesse d'un point de vue affectif, mais reconnaissent que leur rôle d'aidant a un impact sur leur propre projet de vie (relations sociales, études, loisirs…), ainsi que sur leur santé. 

S'ils sont habituellement insérés dans un contexte social (à l'école, au travail, à l'université), ils ressentent cependant une forme d'isolement, car il leur est difficile de parler de leur vie d'aidant.  

De nombreux collégiens et lycéens sont concernés par le rôle d'aidant, en pleine adolescence. 

Un film documentaire intitulé « Invisibles », réalisé par la fondation Ocirp, avec la participation d'enseignants, laisse la parole aux jeunes eux-mêmes. Le témoignage de ces jeunes aidants éclaire mieux que des mots cette expérience très particulière d'aider à un âge normalement marqué par l'insouciance. 

Les enseignants évoquent l'importance de connaître et de comprendre la situation, afin de ne pas imputer à de la mauvaise volonté ce qui est imputable à la fatigue, voire à la souffrance, du jeune aidant qui ne peut pas parler de sa situation. 

Quel soutien pour les jeunes aidant.e.s ?

Le nouveau plan gouvernemental de soutien pour les aidants 2023/2027 a prévu :

  • d'améliorer l'accès aux bourses pour les étudiants aidants,
  • d'informer les professionnels des universités sur les jeunes aidants,
  • de renforcer la communication relative aux aménagements des études.

Il est vrai, comme le souligne cet article de L'Etudiant, en s'appuyant sur les témoignages de Romane et Emma, qu'il reste beaucoup à faire pour soutenir les jeunes aidants étudiants. 

Le site etudiant.gouv diffuse les informations sur la possibilité d'aménagement d'études et d'accès aux bourses. On retrouve au sein de l'article le témoignage de Romane et de sa maman en vidéo. 

L'association JADE dont l'objet est spécifiquement la question des jeunes aidant.e.s 

milite depuis 2017 pour la prise en compte des problèmes particuliers de ces jeunes gens et jeunes filles.

Elle a joué un rôle important pour inscrire dans le plan gouvernemental de soutien aux aidants les mesures que nous venons d'évoquer. 

Elle s'appuie sur des recherches pour mettre en lumière cette population en partenariat avec le Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé (LPPS) de l’Université de Paris Cité.

C'est ainsi que l'on peut estimer qu'environ :

  • 294 600 lycéens
  • et 450 000 étudiants assument un rôle d'aidant auprès d'un proche.

Ce chiffre total de 744 600 jeunes aidants est bien au-dessus des 500 000 jeunes aidants estimés par la DRESS* dont nous avons cité plus haut l'étude de 2021.

On le comprend mieux en le ramenant à une moyenne de :

  • 4 lycéens par classe
  • et 16 étudiants pour un amphithéâtre de cent. 

Le phénomène des jeunes aidants est donc loin d'être marginal. 

Mais l'association ne s'arrête pas à une action militante.

JADE développe des programmes concrets de soutien aux jeunes aidants. 

Depuis son siège dans le département de l'Essone, elle entend rayonner sur tout le territoire national par une stratégie d'essaimage en s'appuyant sur des partenaires locaux.

C'est ainsi que les ateliers de création audiovisuelle expérimentés dans le département de l'Essone ont évolué vers un concept d'expression artistique plus large permettant aux jeunes participants d'exprimer leur expérience si particulière. 

Ces ateliers, qui suivent un cahier des charges très précis, sont conçus pour à la fois :

  • favoriser une expression qui n'est guère possible dans la vie quotidienne de ces jeunes,
  • offrir un temps de répit loin des contraintes qui pèsent habituellement sur eux,
  • permettre aux jeunes aidant.e.s de rencontrer d'autres jeunes aidant.e.s rompant ainsi le sentiment de différence et d'isolement...

Ce sont les images qui restituent le mieux l'expérience des ateliers. En voici quelques exemples :

  • film d'animation réalisé par un groupe de jeunes aidants (ici),
  • Mise en scène de l'expérience d'Elwynn avec son papa atteint de schizophrénie (ici),
  • Film d'Elisa avec son papa atteint de la maladie de Parkinson (ici) 

À Lyon, dans le cadre de l'action globale « Métropole aidante » une autre association « La pause brindille » propose aux jeunes aidant.e.s :

  • un service d'écoute,
  • des temps de rencontre et partage entre jeunes aidant.e.s,
  • des événements, tels que les rencontres de la jeunesse aidante…

Dans une dynamique participative, active, visant à créer des liens de solidarité et d'appartenance à une communauté, comme en témoigne cette courte vidéo de présentation.  

* DREES : Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques 

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Dans la famille aidant, je demande : 


ARTICLES N° 126 et 127: La Maison des Aidants® Association Nationale / ANPERE