Exosquelette, lunettes électroniques, mini-pancréas artificiels : depuis une vingtaine d’années, les innovations technologiques au service de la santé redessinent profondément le paysage de la médecine. Un changement de paradigme dans lequel la recherche française et les start-up auxquelles elle donne naissance jouent un rôle de premier plan.


 

Dynamisme des biotechs françaises

Depuis l’an 2000, le secteur des biotechnologies de santé connait un essor considérable en France. Avec plus de 700 biotechs nées sur son territoire, la France se positionne en effet comme leader européen en nombre de start-up créées. A l’origine de ce dynamisme : l’excellence des recherches menées dans les laboratoires publics et privés de l’hexagone et l’appétence nouvelle des chercheurs au transfert technologique. Animés par le désir de voir leurs recherches donner naissance à de nouveaux produits, de plus en plus de chercheurs n’hésitent plus en effet à regarder vers le marché, voir à se convertir eux-mêmes en entrepreneurs. Une tendance qui semble porter ses fruits comme en témoignent les surprenantes avancées proposées ces dernières années dans le secteur de la santé par les start-up françaises.

 

Pour une médecine curative 2.0

Grâce à l’apport des nouvelles technologies, la médecine dispose aujourd’hui d’armes efficaces pour améliorer des situations que l’on considérait irréversibles. Qui en effet, il y a quelques années, aurait pu imaginer voir marcher un tétraplégique ? Personne. Pourtant, telle est la prouesse en passe d’être réalisée par Wandercraft, une jeune start-up française travaillant au développement d’un exosquelette, constitué de petits moteurs électriques et contrôlé par un algorithme robotique. Quel presbyte n’a par ailleurs jamais rêvé de pouvoir voir de près et de loin sans rupture de qualité ? Que les personnes concernées se rassurent : les limites des verres progressifs ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir grâce aux lunettes électroniques de Laclarée, une start-up portée par un physicien, capable de reproduire le mouvement naturel de la lentille du fond de l’œil. Quel malade du cancer enfin, ayant déjà eu à subir un traitement par radiothérapie, n’a jamais souffert des dommages collatéraux causés sur des tissus sains par la répétition des séances ? Une fois encore, des espoirs d’amélioration sont envisageables, grâce à Nanobiotix, une start-up développant une solution à base de nanoparticules qui devrait prochainement permettre de décupler la force des rayons X au niveau de la tumeur tout en limitant les dégâts causés autour par ces mêmes rayons.

 

Vers une médecine personnalisée

Au-delà de ce renforcement de la capacité curative de la médecine, c’est à une véritable personnalisation des traitements que semblent inviter les innovations de certaines biotechs. PrediSurge, une start-up née de la collaboration d’ingénieurs de l’Ecole des mines et d’un chirurgien cardiaque du CHU de Saint-Etienne, développe ainsi un logiciel permettant de créer, pour un patient en attente d’une opération du cœur, un jumeau numérique grâce auquel le chirurgien pourra dimensionner et personnaliser la prothèse à insérer afin que cette dernière s’adapte au mieux à l’aorte de son patient. Une sorte de chirurgie sur-mesure en somme ! Idem avec l’imprimante 3D développée dans un laboratoire de Sanofi qui devrait prochainement permettre de fabriquer à la demande des médicaments à dosage personnalisé. Plus surprenant encore : le mini-pancréas artificiel à destination des diabétiques en passe d’être conçu par la start-up Diabeloop. Grâce à ce petit bijou de technologie bourré d’intelligence artificielle, les personnes atteintes de diabète n’auront bientôt plus à se piquer le bout des doigts trois fois par jour ni à calculer les doses d’insuline à s’injecter. Pour ce faire, il leur suffira de placer sur leur abdomen un petit capteur capable de mesurer leur glycémie et d’en transmettre la valeur via bluetooth à un terminal de la taille d’un smartphone. L’algorithme de ce dernier calculera alors en temps réel la dose d’insuline à administrer au patient et transmettra cette information à une pompe implantée sur le bras de ce dernier qui pourra, de manière automatique, délivrer la dose d’insuline nécessaire… Incroyable a priori et pourtant ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, nulle science fiction dans ces projets : juste de la science au service de la médecine de demain.