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Personnes âgées, stéréotypes et préjugés


Le souci croissant de notre société au sujet de son vieillissement(*), paradoxalement,  ne va pas toujours de pair avec une image valorisée et valorisante des  personnes âgées.Le terme de jeunisme et son corollaire l'âgisme ont fait leur apparition, indiquant d'un côté l'engouement excessif pour la jeunesse et de l'autre les discriminations liées à l'âge. Les représentations négatives liées aux personnes âgées ont des conséquences innombrables et constituent une forme de mauvais traitement social dont les victimes sont silencieuses. Les pouvoirs publics s'emparent du problème. C'est ainsi qu'une mission a été confiée en juin 2019 à Audrey Dufeu Schubert, députée de Loire-Atlantique, sur la place et l'image des aînés dans notre société. Le rapport vient d'en être remis à Madame Buzyn, Ministre des solidarités et de la santé, sous le titre «Réussir la transition démographique et lutter contre l'âgisme».


 

Des valeurs dominantes et des idées reçues

 

Rapidité, utilité, rentabilité, telles sont les valeurs qui gouvernent le système productif.  Les compétences technologiques y sont les plus prisées . Elles évoluent et périment très rapidement. Contrairement aux compétences acquises par l'expérience et transmissibles des plus âgés aux plus jeunes, elles dévalorisent les plus âgés qui n'ont alors, dans un tel contexte, plus rien à transmettre.

Ajoutons à ce tableau que le vieillissement de la société conforte l'idée que peu de jeunes doivent travailler pour entretenir beaucoup de vieux... oubliant au passage que ceux-ci ont été jeunes et ont contribué à maintenir leurs aînés.

Et bien que le vieillissement de la population entraîne une activité économique importante (services à la personne, santé, hébergement, aides techniques...),  celui-ci reste perçu comme une menace pour notre modèle économique et social.

 

Des ressorts psychologiques complexes

 

Nous avons vu dans l'article « Maltraitance des personnes âgées, une violence multiforme » que contrairement à une croyance répandue, la maltraitance survient davantage dans le cadre familial qu'au sein des établissements. Les proches peuvent réagir à la perte d'autonomie par la colère, car les soins à apporter amènent à inverser les rôles et à se projeter soi-même vers sa propre vieillisse et sa vulnérabilité.

Certains auteurs pensent que les personnes âgées sont des boucs émissaires des frustrations de notre société. D'autres encore que l'âgisme sert à conforter l'identité des autres groupes : plus jeunes, en désignant les vieux, on conforte l'image positive que nous souhaitons conserver de nous-mêmes, et on a l'illusion d'éviter notre propre vieillissement.

Du côté de la personne âgée, le regard dévalorisant sur la vieillesse n'incite pas à reconnaître facilement le besoin d'aide : c'est avouer que l'on est vulnérable, que l'on a perdu certaines de ses capacités, c'est donc s'exposer au regard jugeant d'autrui. L'attitude face à son propre vieillissement dépend bien sûr du caractère de chacun, mais un regard social négatif n'incite pas à l'admettre. On a en quelque sorte honte de sa vieillesse.

Cela conduit parfois au refus d'aide et de soin, que connaissent bien les soignants et les familles

 

Des conséquences innombrables

 

Les stéréotypes liés à l'âge ont des conséquences dans tous les domaines. Elles sont toujours porteuses de souffrance pour les personnes âgées qui les subissent.

Pour ne donner que quelques exemples, considérer :

  • qu'il est normal d'avoir des douleurs lorsque l'on est vieux conduit à ne pas chercher à soulager la douleur,
  • que l'on devient obligatoirement sénile avec l'âge conduit à ne pas s'interroger sur la possibilité d'une dépression qui altère les facultés,
  • que l'élégance est superflue lorsque l'on est âgé conduit à ne pas laisser la personne libre de choisir ses vêtements,
  • qu'une personne âgée comprend ou entend forcément moins bien conduit à lui parler trop fort, ou avec un langage simpliste et infantilisant...

 

Le témoignage de Marcelle

 

Marcelle, 92 ans, est une dame pétillante, curieuse, férue de technologie, utilisant parfaitement l'ordinateur, le smartphone et la tablette. Elle vit de façon autonome, avec une aide pour le ménage et un accompagnement pour certaines sorties. Elle se rend, accompagnée de sa nièce, chez un cardiologue pour un examen. Écoutons son témoignage :

«La secrétaire, très gentille, nous accueille pour constituer mon dossier. Elle ne s'adresse qu'à ma nièce pour recueillir les données qui me concernent. Ma nièce donne les informations. Au bout d'un moment, un peu agacée qu'elle ne s'adresse pas à moi, je réponds moi-même à l'une de ses questions.

Avec un sourire radieux et une voix suraiguë, elle déclare, toujours à l'intention de ma nièce : "Oh la coquine,  mais c'est qu'elle comprend tout !". Ce n'est pas drôle d'être vieux vous savez !»  conclut Marcelle.

Voici un exemple de brimade au quotidien que peut subir une personne âgée. Et il y en a tant d'autres !

 

Lutter contre les préjugés

 

Outre la souffrance individuelle et sociale qu'ils génèrent, les préjugés ont aussi un effet «auto-punitif». Des recherches ont démontré que plus on a de préjugés négatifs sur le vieillissement, plus notre propre vieillissement est difficile à accepter !

 

Lutter contre les discriminations envers les personnes âgées est donc un enjeu de taille. Il s'agit d'envisager une société où tous les âges puissent vivre en harmonie.

 

L'expérience du réseau « Villes amies des aînés » témoigne que si l'on attache de la valeur aux aînés, on améliore la vie de tous les citoyens.

Signe encourageant, des initiatives germent un peu partout pour rapprocher les générations et lutter contre l'âgisme.  Nous en ferons un tour d'horizon dans notre prochain article.

 

(*) Les plus de 60 ans représentent aujourd'hui plus du quart de la population.

     Il y aura en 2020 plus de personnes dans cette tranche d'âge que dans celle des moins de 5 ans.


Pour approfondir :


ARTICLE N° 32 2-2 Décembre 2019 LA MAISON DES AIDANTS / ANPERE

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