Les travailleurs indépendants et les professions libérales sont plus nombreux à cumuler une pension de vieillesse et une activité que les salariés, souligne une récente étude du ministère des Solidarités et de la Santé.


Les indépendants et les libéraux seraient-ils moins fatigués à la retraite ? On pourrait le croire à la lecture de la dernière enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), un organisme rattaché au ministère des Solidarités et de la Santé. D’après cette étude rendue publique le 15 mai 2020, les travailleurs indépendants (artisans, commerçants, chefs d’entreprise) et les professions libérales (médecins, avocats, notaires, chirurgiens-dentistes, architectes, experts-comptables, pharmaciens...) sont proportionnellement plus nombreux à cumuler une pension de vieillesse et un revenu d’activité comparés aux salariés.

Alors qu’à peine 3% des retraités de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) - le régime de retraite de base des salariés du secteur privé et des agents non titulaires de la fonction publique (contractuels, vacataires) - étaient des « cumulants » en 2018, le pourcentage monte à 5% chez les pensionnés dépendant de la Sécurité sociale des indépendants (SSI) et grimpe même à 11,1% chez ceux affiliés à une caisse libérale de retraite et de prévoyance (il en existe 11). Ànoter : le comparatif de la Drees va être plus difficile à réaliser dans les années à venir car la SSI, qui avait elle-même remplacé le Régime social des indépendants (RSI) en 2018, a été absorbée, depuis le 1er janvier 2020, par la Cnav pour la retraite de base et par l’Assurance maladie pour la maladie, la maternité, l’invalidité et le décès.


Plusieurs explications possibles

L’étude ne donne pas de raisons à ces taux plus élevés de cumul emploi-retraite (CER) chez les indépendants et les libéraux. L’une des explications pourrait être le faible niveau des pensions, du moins pour les premiers. D’après les dernières données de la Drees, la retraite moyenne brute (hors majorations pour enfants) des artisans et commerçants s’élève à seulement 454 euros bruts, contre 937 euros bruts pour les salariés non-cadres et 1.618 euros bruts pour les salariés cadres. Non seulement les travailleurs indépendants perçoivent en moyenne des revenus professionnels inférieurs à ceux des salariés du privé, mais ils cotisent proportionnellement moins que ces derniers. On comprend, dans ces conditions, pourquoi les indépendants sont plus nombreux à reprendre une activité à la retraite.

Étant leur propre patron, il est également plus facile pour des travailleurs non-salariés (TNS) de poursuivre une activité. À l’inverse, les entreprises rechignent encore à faire travailler des seniors, a fortiori retraités, qu’elles jugent souvent chers, pas assez productifs et ne maîtrisant pas bien les nouvelles technologies. Enfin, les TNS ont généralement l’esprit entrepreneurial chevillé au corps. Il peut être difficile, notamment chez les professions libérales où les « vocations » sont légions, de ne plus être actif.


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