Un cerveau plus lent, un temps qui s’emballe
L’une des hypothèses les plus solides pour expliquer ce phénomène vient des neurosciences. Selon le professeur Adrian Bejan, spécialiste en ingénierie à l’université Duke (États-Unis), notre perception du temps dépend directement de la quantité d’informations visuelles que notre cerveau traite. En effet, notre cerveau mesure inconsciemment le temps qui passe à travers les "changements" qu’il perçoit - en grande partie par la vision. Un enfant, dont le cerveau est rapide, souple et neuf, traite beaucoup d’images par seconde, un peu comme une caméra haute définition. Chaque journée est dense en perceptions, en micro-événements, en apprentissages. Résultat : cette accumulation donne l’impression que le temps s’étire. Avec l’âge, le cerveau ralentit. Le traitement des informations visuelles et sensorielles devient moins fluide, notamment à cause du vieillissement des réseaux de neurones et d’une diminution de la vitesse de transmission des signaux électriques. Moins d’images sont perçues, le flux d’informations s’allège… et le cerveau "reconstruit" un temps plus court, comme si les journées passaient plus vite.
Le corps et de la routine responsables de cette accélération
Au-delà du cerveau, notre corps tout entier influence cette perception temporelle. Le métabolisme ralentit lui aussi avec l’âge : rythme cardiaque, fréquence respiratoire, cycles hormonaux... autant d’horloges biologiques internes qui battent moins vite, ce qui contribue réduit encore nos repères inconscients du passage du temps. Autre facteur essentiel : la nouveauté. Pour un enfant, le monde est un terrain de découverte constant. Apprendre à faire du vélo, découvrir un animal inconnu, aller à l’école pour la première fois… Chaque expérience inédite est encodée fortement par le cerveau. Chez l’adulte, en revanche, la routine s’installe. Les journées deviennent prévisibles, peu de souvenirs se détachent… et le cerveau, qui enregistre moins d’événements distincts, a l’impression que le temps « file ».
Une explication mathématique : la théorie logarithmique
Le mathématicien Christian Yates, de l’université de Bath (Royaume-Uni), propose une autre approche : notre cerveau percevrait le temps selon une échelle logarithmique. En clair, une année représente une proportion de plus en plus petite du temps déjà vécu.
Ainsi, pour un enfant de deux ans, une année représente la moitié de sa vie, contre seulement 5 % pour un jeune de plus de 20 ans et 2 % pour une personne de 50 ans. Ce déséquilibre rend chaque nouvelle année subjectivement plus courte. Ainsi selon Yates, le temps perçu au cours des cinq années passées entre 5 et 10 ans serait le même qu’entre 40 et 80 ans.
Retrouver le temps long grâce à la nouveauté
Bien que cette perception d’accélération soit en partie inévitable, elle n’est pas une fatalité. Les chercheurs suggèrent de multiplier les expériences nouvelles : voyages, apprentissages, activités inattendues. En exposant notre cerveau à de nouveaux stimuli, on recrée une richesse sensorielle… et donc un sentiment de durée plus étendue.
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