La décision d'entrer en établissement est souvent douloureuse pour la personne âgée et pour sa famille. On attend souvent l'extrême limite des possibilités de rester à domicile. Mais pour diverses raisons, il arrive un moment où la décision ne peut plus être reportée, et l'entrée se fait d'ailleurs souvent dans une certaine urgence. L'aidant principal peut se sentir en échec, éprouver un sentiment de culpabilité, ne plus trouver de sens à son quotidien...Lorsque l'établissement se substitue au domicile, ce sont tous les repères affectifs, spatiaux, d'identité, d'intimité qui sont à reconstruire, autant pour la personne accueillie que pour l'aidant.
Une relation à trois : résident – établissement – aidant
Alors que la personne âgée (sauf si elle est sous tutelle) est légalement l'interlocuteur de l'établissement , dans la réalité celui-ci doit de plus en plus compter avec le couple aidant-aidé. D'une relation binaire Résident/Etablissement, on passe à une relation triangulaire Résident/Etablissement/Aidant.De plus, l'aidant n'est plus forcément aujourd'hui un membre de la famille. Amis, concubins par exemple, ont pu tenir un rôle important auprès de la personne et souhaitent maintenir leur investissement auprès de celle-ci. Les établissements font évoluer leurs relations avec les proches aidants en tenant compte de ces nouvelles données sociétales. Le proche aidant tend à devenir un partenaire de l'équipe professionnelle.
Redéfinir son rôle d'aidant
Un passage réussi «domicile-établissement» repose en grande partie sur la façon dont l'aidant va se repositionner par rapport à l'aide prodiguée à son proche. Accepter que les tâches autrefois de son ressort soient assumées par les professionnels de l'établissement est une première étape qui va permettre à l'aidant de recentrer son rôle sur le soutien affectif, le maintien des liens avec l'entourage, les distractions et le bien-être moral de son proche. Nouer des liens de qualité avec l'équipe soignante permet aussi un ressenti positif de la part du proche : il est bien plus rassurant pour la personne dépendante de voir que son aidant s'associe aux professionnels, plutôt que de l'entendre émettre des critiques. Si des observations sont à émettre, elles peuvent être faites dans un esprit constructif d'amélioration. Dans ce sens, l'Infirmière coordinatrice, le Médecin coordinateur, le Directeur, le Conseil de la Vie Sociale sont autant d'interlocuteurs auxquels l'aidant peut s'adresser s'il a des observations, des questions ou des suggestions à formuler.
Participer à la vie de l'établissement
De plus en plus d'établissements, conscients des mutations qui s'opèrent, s'attachent à intégrer les proches dans la vie de l'établissement: participation aux animations, groupes de parole, soutien psychologique...Ces ponts entre l'établissement et les proches aidants contribuent à redéfinir le rôle de ces derniers, qui peuvent ainsi également nouer des liens entre eux et se soutenir mutuellement. Une implication de l'aidant permettra à celui-ci de mieux connaître de l'intérieur la vie au sein de l'établissement, et d'aider le proche accueilli à nouer de nouvelles formes de relation avec d'autres résidents.
Enrichir la vie quotidienne du proche accueilli
L'aidant qui accepte de redéfinir son rôle permet à son proche de vivre aussi plus sereinement. Sans conflit (de territoire, de compétences...), en acceptant de faire confiance, l'aidant peut se recentrer sur les détails du quotidien qui peuvent améliorer la vie de la personne accueillie. Continuer à aider pour le repas, apporter de la lecture, veiller au confort... sont autant d'attentions qui prendront tout leur sens et viendront compléter les soins professionnels. Enfin il entre dans le rôle de l'aidant de signaler, faire observer, questionner sur tout problème qui pourrait se poser quant aux droits de la personne accueillie.
Pour approfondir :
Exercer ses droits en établissement
Le Conseil de la Vie Sociale (CVS)