Du simple outil astucieux à la compensation d'une perte d'autonomie importante, les aides techniques forment un très vaste ensemble qui concerne tous les aspects de la vie :
- aide aux fonctions physiques nécessaires à l'accomplissement des actes de la vie quotidienne (par exemple manger, marcher, dormir, s'habiller...)
- aide aux fonctions psychiques nécessaires à l'orientation spatiale ou temporelle, à la mémoire etc.,
et tous les aspects du cadre de vie (la cuisine, la salle de bain, l'extérieur, le véhicule...).
Elles peuvent s'appliquer à la personne (aide auditive, aide à la marche...) ou à l'environnement de la personne (monte-escaliers par exemple).
Elles peuvent concerner spécifiquement l'aidant.e ou les professionnels du domicile (lève-personne par exemple).
Elles peuvent aussi concerner l'ensemble du logement en adaptant celui-ci aux besoins de compensation et/ou de sécurité de la personne.
Dans ce sens les aides techniques peuvent aussi jouer un rôle de prévention (éviter chutes, blessures ou accidents) et de préservation de l'autonomie (pouvoir vivre chez soi de façon relativement autonome et le plus longtemps possible).
Enfin la question du financement est aussi un aspect important et parfois déterminant dans le recours aux aides techniques.
On l'aura compris, parler d'aides techniques, c'est aborder un champ complexe dans lequel il n'est pas simple de s'orienter.
C'est pourquoi nous avons souhaité donner à nos lecteurs quelques points de repère.
Le financement des aides techniques
Plusieurs sources de financement sont mobilisables pour financer une aide technique, partiellement ou de façon complémentaire.
Le financement par l'Assurance maladie :
Des aides techniques peuvent être financées par l'Assurance maladie.
Leur liste est très précise et la prescription médicale indispensable. Le médecin peut indiquer à son patient, les modalités de prise en charge lorsqu'il prescrit une aide.
Pour certaines aides, un accord préalable est nécessaire.
Rappelons par ailleurs que le dispositif 100 % Santé permet aussi de financer notamment les aides audiologiques.
À signaler ! Les ergothérapeutes sont habilités à prescire des aides techniques, dont certaines bénéficiant de la prise en charge de l'assurance maladie.
Le financement par l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie) :
Le montant alloué par le département par le biais de l'APA à la personne âgée de plus de 60 ans en perte d'autonomie peut comprendre, outre les aides humaines, le financement de certaines aides techniques.
Pour cela, ces aides doivent être prévues dans le plan personnalisé d'autonomie, lors de l'évaluation (ou de la réévaluation) par l'équipe médico-sociale des besoins de la personne.
Il est donc important que les proches aidants participent à cette évaluation afin de veiller à la juste estimation des besoins.
Le financement par la PCH (Prestation de compensation du handicap)
Pour les personnes présentant un handicap, l'évaluation des besoins de la personne par l'EPE (Equipe pluridisciplinaire d'évaluation) lors de l'attribution, ou de la réévaluation de la PCH, prend en compte le besoin et le financement d'aides techniques, en plus des aides humaines.
Le financement par les caisses de retraite et les complémentaires santé :
Lorsque les financements de droits communs ne suffisent pas, ou ne couvrent pas une aide technique particulière, il est opportun d'interroger ses caisses de retraite principales ou complémentaires.
Au titre de leur politique d'action sociale, certaines demandes spécifiques peuvent être prises en considération.
De même, il ne faut pas négliger d'interroger la complémentaire santé du proche aidé qui peut disposer d'un fonds d'action sociale, ou d'un fonds d'aides exceptionnelles, en plus du financement du reste à charge lorsqu'il s'agit d'une aide technique prise en charge par l'assurance maladie.
L'évaluation des besoins en aides techniques
L'évaluation des besoins en aides techniques est un point crucial pour que celles-ci apportent une réelle amélioration dans la vie de la personne âgée ou handicapée.
Nous avons vu précédemment que le médecin et les équipes d'évaluation de la perte d'autonomie, que ce soit dans le cadre du vieillissement ou du handicap, sont les points de départ permettant d'obtenir des aides pour le financement.
Mais la démarche peut partir de la personne elle-même ou de son aidant.e.
Le site gouvernemental «Mon parcours handicap» a dédié un dossier complet au processus de choix des aides techniques. Intitulé «Dans quelles situations avoir recours à une aide technique ?», ce dossier traite tous les aspects de la question avec pour point de départ l'enjeu d'une bonne définition des besoins de la personne handicapée.
Il en va de même pour les personnes âgées.
Des CICAT (Centres d'information et de conseils sur les aides techniques) existent dans certains départements... mais le territoire national est loin d'être couvert.
Des EqlAAT (Equipes locales d'accompagnement sur les aides techniques) devraient se généraliser sur le territoire en 2025.
Il est possible de consulter l'annuaire du site gouvernemental «Pour les personnes agées» pour connaître le point d'information local proche de son domicile.
Signalons également la rubrique «Bien chez soi» du site de l'Assurance retraite qui permet de rechercher une aide technique à partir de plusieurs critères (la fonction, l'activité, le lieu... auxquels doit correspondre l'aide technique recherchée).
À noter ! Un professionnel spécialisé, l'ergothérapeute, peut également être sollicité, dans une démarche volontaire de la personne, pour l'aider à définir ses besoins en aides techniques.
La grande diversité des aides techniques
Si certaines aides techniques sont connues de tous parce que visibles ou existant depuis longtemps (fauteuil roulant, déambulateur, barre de douche...) une partie de l'offre du marché reste assez largement méconnue.
On peut citer par exemple :
- le couteau à bascule,
- l'épluche légumes ergonomique ou l'épluche fruits à ventouse,
- la planche de cuisine munie d'accessoires permettant de travailler d'une seule main,
- le bracelet métacarpien qui permet de tenir couverts ou crayon...
Parcourir un site marchand permet de découvrir de nombreux objets astucieux auxquels on n'aurait pas pensé spontanément, mais qui peuvent grandement faciliter le quotidien.
Le site non marchand Handicat constitue une base de données sur les aides techniques qu'il peut être intéressant de consulter par domaine (Domicile, mobilité, vie quotidienne...).
Cependant, même les objets les plus séduisants ou originaux ne conviennent pas nécessairement à toute personne.
Lorsqu'il s'agit pour l'aidant.e de réfléchir à comment améliorer le quotidien de son proche, il est judicieux de l'observer et de repérer les tâches difficiles à accomplir, et auxquelles le proche aidé a parfois renoncé. Il peut s'agir tout simplement d'éplucher des légumes, ou de jardiner, ou encore de mieux entendre son poste de télévision, de mieux lire etc...
À partir du besoin pressenti par l'aidant.e et confirmé par le proche, on peut alors se mettre en recherche, via les catalogues des sites marchands, de l'objet facilitateur de telle ou telle tâche.
Mieux vaut cette démarche qui part du besoin que de se laisser séduire par un objet attrayant... mais qui risquerait de rester inutilisé.
ARTICLES N° 149 et 150: La Maison des Aidants® Association Nationale / ANPERE