C'est la question de l'isolement social qui a fait cette année la une de la journée nationale des aidants. Le plaidoyer sur cette question, rédigé par le collectif Je t'Aide, diffusé largement et adressé aux personnalités politiques, analyse bien le processus qui conduit la moitié des aidants à ressentir une forme d'isolement, et propose des pistes d'action.


L'isolement social, une situation vécue par la moitié des aidants

 

L'isolement social, selon certaines études, progresse et concernerait 10 à 15 % de la population française. Les causes en sont complexes et souvent multi-factorielles.

Mais le fait que, parmi la population aidante, la moitié connaît cet état montre à quel point l'aidance peut fragiliser celui ou celle qui aide de façon importante et sur le long terme.  Cette situation spécifique peut selon le collectif Je t'Aide être reliée à deux grandes lacunes de notre société :

 

  • le déficit de protection vis à vis des aidants, qui conduit à les laisser seuls gérer des situations souvent complexes,
  • le déficit de reconnaissance sociale qui conduit à une méconnaissance de la part de l'environnement social et professionnel du rôle de l'aidant (rappelons que 62 % des aidants sont en activité).

 

De ces déficits de soutien et de reconnaissance découlent des conséquences telles que :

 

  • le manque de temps pour soi à consacrer à des activités sociales, relationnelles, de loisirs..

qui sont autant d'occasions perdues pour les aidants d'être avec les autres,

  • la crainte de faire savoir à l'entourage professionnel que l'on est aidant, liée à la peur d'être discriminé,
  • la diminution des moyens économiques (être aidant a aussi un coût financier) imposant un arbitrage au détriment des activités personnelles sources de contacts amicaux par exemple.

 

En somme un ensemble d'éléments qui conduisent insidieusement à limiter voire à couper les liens sociaux, et à se replier sur soi-même et sur son rôle d'aidant.

De surcroit, le fait de considérer que sans son aide, la personne aidée ne peut quasiment survivre, provoque chez l'aidant une angoisse permanente de l'avenir... difficile ou impossible à partager avec qui que ce soit, ce qui renforce encore ce sentiment d'isolement. 

Tous ces éléments, ici très simplifiés, conduisent au cercle vicieux de l'isolement social.

 

Cet état de fait, pénible à vivre pour celles et ceux qui y sont confrontés, a aussi des répercussions au niveau de la société : par exemple, les aidants votent moins que la moyenne, éprouvent une défiance particulière vis à vis des institutions, ou encore sont plus pessimistes sur la vision du futur.

 

Le collectif Je t'Aide souligne les initiatives nombreuses, issues d'entreprises, de collectivités territoriales, d'associations... pour soutenir les aidants, mais il pointe aussi l'insuffisance de l'action publique face à cet enjeu sociétal. Il rappelle que nous serons tous un jours aidants ou aidés.

A l'heure où, du fait d'autres priorités, la loi Autonomie et grand âge et les mesures en faveur des aidants qui y étaient associées semble abandonnée, le collectif entend rappeler aux décideurs l'urgence d'une prise en compte de la question de l'aidance dans notre société.

 

 

C'est pourquoi il formule dix propositions clés, comme par exemple :

 

  • une étude d'ampleur nationale qui mette à jour la question des aidants, dans tous ses aspects, sa complexité et ses conséquences, afin de rendre visible les aidants,
  • l'initiation et la prise en charge financière d'une campagne de communication sur les aidants, au même titre que toutes les campagnes de sensibilisation ou de prévention d'enjeu national,
  • la formation des professionnels publics ou privés à même de repérer et d'orienter les aidants en difficulté vers des solutions de soutien,
  • la participation du collectif Je t'Aide à l'élaboration d'un cahier des charges des lieux d'accueil, d'information et d'orientation des aidants,
  • la valorisation de l'expérience «aidant» dans le CV des personnes concernées, afin de réintégrer plus facilement le marché de l'emploi,
  • l'élargissement du congé de proche aidant,
  • le développement, la diversification et l'accessibilité géographique et financière des
    dispositifs de répit,
  • la promotion des lieux de vacances et de loisirs inclusifs pour permettre à chacun de vivre
    en société...

 

 

Une couverture médiatique et des actions sur le terrain

 

La JNA 2016 avait été marquée par une couverture médiatique inédite faisant entrer véritablement les aidants pour la première fois dans l'espace public.

Depuis les médias ont pris l'habitude de ce rendez-vous afin de relayer cette journée.

Cette année, même si l'attention reste accaparée par la crise sanitaire, on a pu lire ou entendre sur les ondes des rubriques dédiées aux aidants, comme par exemple ici sur Europe 1, ou là sur Radio classique.

 

Mais c'est sur le terrain que les actions en faveur des aidants fleurissent du nord au sud, de l'ouest à l'est, couvrant ainsi toute la carte de France.

 

Des initiatives ont été révélées à l'occasion de cette journée, comme notamment la création d'une mission d'accompagnement du handicap au sein de la gendarmerie nationale. On peut retrouver ici la présentation en video qui en est faite par le lieutenant-colonel qui la dirige.

C'est un signal très important, car c'est la première fois qu'une corporation, branche ou profession,  affiche aussi clairement la volonté d'agir pour les aidants en son sein. Cette nouvelle mission se dote de moyens précis pour identifier les personnels concernés et leur apporter un accompagnement concret. 

 

On saluera aussi :

 

ou

  • le remarquable film «Plus grand que soi», dédié aux jeunes aidants, dont on peut voir ici la présentation.

 

 

Le prix Initiative aidants

 

Pour sa 4ème édition, le prix initiative aidants décernés par le jury du collectif Je t'Aide a été attribué à cinq projets, que l'on peut retrouver ici.

Anpere est désormais partenaire de ce prix au sein du collectif Je t'Aide.

Le coup de cœur du jury est allé à l'association l'Envol qui organise des séjours frères et sœurs pour «redonner le sourire aux aidants d'enfants malades».

 

Hervé Raquin, délégué général d'Anpere a remis le prix à Romain Garitte, pour Kimoun, application mobile qui, par ses fonctionnalités simples et originales, se propose de faciliter la coordination entre aidants autour du proche fragilisé.

 

Une belle journée qui a révélé toute la richesse de coeur, les ressources, la générosité des 11 millions de femmes et d'hommes qui aident et nous engagent à les soutenir dans leur légitime attente d'une véritable reconnaissance, qui doit aller bien au-delà de la simple gratitude.


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 ARTICLES N° 71 et N° 72 : La Maison des Aidants® Association Nationale / ANPERE