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Prévention et Santé 16 juin 2021

Anosmie : comment retrouver son odorat ?


« L’anosmie » fait partie de ces termes médicaux dont nous étions nombreux à ignorer le sens avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Nous savons aujourd’hui qu’il désigne une perte totale d’odorat. Fréquent chez les personnes souffrant de Covid-19, ce symptôme peut également être causé par d’autres maladies virales telles que les rhumes, les sinusites ou encore les grippes. On estime ainsi à un peu plus de 10% la part de la population souffrant d’un trouble de l’odorat partiel ou total, avant même la survenue de la pandémie de Covid-19. Comment fonctionne l’odorat ? Combien de temps peut durer l’anosmie ? Comment retrouver ses capacités olfactives ? Réponses.


 

Comment fonctionne l’odorat ?

L’odorat fonctionne en trois temps : la captation des molécules odorantes, leur codage en impulsions électriques et enfin leur analyse. Chacune de ces étapes se déroule dans un lieu précis. Ainsi, pour ce qui est de la captation des odeurs, c’est tout au fond du nez que tout se joue. On trouve en effet à cet endroit des récepteurs olfactifs, environ 350, sur lesquels viennent s’imbriquer les molécules odorantes. Une même molécule pouvant activer plusieurs capteurs, l’humain est ainsi en mesure de percevoir jusqu’à 10 000 senteurs. Une fois les molécules captées par les récepteurs, c’est au tour du bulbe olfactif, placé entre les deux yeux, d’entrer en action pour coder chaque odeur sous forme d’impulsions électriques. Ces dernières sont transmises à différentes zones du cerveau : l’amygdale qui traite l’émotion agréable ou désagréable déclenchée par l’odeur, et l’hippocampe qui joue un rôle important dans le processus de mémoire. Le message arrive enfin au niveau du cortex orbifrontal où sont traitées les sensations liées à l’odorat et au goût.

 

Combien de temps peut durer l’anosmie ?

Dans une étude parue au Science Translational Medicine, des chercheurs ont montré que, lors d’une infection à la Covid-19, les neurones sensoriels étaient infectés par le virus, ce qui provoquait une inflammation persistante de l’épithélium et du système nerveux olfactif, à l’origine de l’anosmie. Bien qu’impressionnant, ce symptôme disparait en général assez vite puisque 80% des patients concernés retrouvent leur odorat dans les 15 jours, et une majorité des 20% restant dans les deux mois après la guérison. Toutefois, il peut arriver chez certaines personnes infectées que la perte d’odorat perdure jusque 5 mois après l’infection. Cette anosmie longue s’expliquerait selon les chercheurs par une inflammation prolongée de l’épithélium et du système nerveux olfactif ainsi que par une présence durable du virus dans l’épithélium olfactif. Bien qu’exceptionnels, ces cas témoignent de l’importance du suivi des personnes infectées et de la nécessité de poursuivre les recherches pour comprendre l’étendue des problèmes neurologiques associés à la Covid-19.

 

Comment retrouver ses capacités olfactives ?

Lorsqu’elle n’est pas liée à la Covid-19, l’anosmie se traite en général par la prise de corticoïdes sous forme de comprimés ou de spray. Problème : en cas de Covid-19, ce traitement est contre-indiqué. Est-ce à dire qu’il faut alors renoncer à retrouver son odorat ? Non, car l’on peut avoir recours à ce que certains docteurs qualifient de training olfactif. Technique de rééducation olfactive recommandée depuis une dizaine d’années, cet « entrainement » consiste à stimuler quotidiennement son odorat en se confrontant à intervalles réguliers – deux fois par jour par exemple – à des odeurs variées soit issues de jeux de société type « Loto des odeurs » ou « Le Nez du vin », soit tout simplement issues d’épices ou de huiles essentielles. Basé sur la neuroplasticité du cerveau, cet entrainement vise à pousser ce dernier à se réorganiser pour compenser un changement ou une blessure. Le président fondateur de l’association anosmie.org, Jean Michel Maillard, et le neurobiologiste du CNRS, Hirac Gurden, ont ainsi développé un protocole de rééducation olfactive de 12 semaines à partir d’huiles essentielles. Au programme : extraits de citron, de clou de girofle, de rose, d’eucalyptus, etc., à sentir deux fois par jour – en plus de toutes les autres odeurs auxquelles nous sommes confrontés du quotidien – pour augmenter son acuité sensorielle.


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