Alors que l’on commence en France à assouplir les mesures sanitaires en vigueur depuis des mois pour lutter contre la pandémie de Covid 19, les scientifiques du monde entier commencent quant à eux à s’exprimer sur les leçons à tirer de cette crise qui a secoué le monde. Focus sur cinq aspects scientifiques essentiels pour mieux anticiper de prochaines pandémies.


 

Leçon n°1 : la nécessité de la recherche fondamentale

Si les grands laboratoires pharmaceutiques ont été en capacité de développer en quelques mois seulement un vaccin fondé sur la technologie de l’ARNm, c’est parce que cette dernière était étudiée par la communauté scientifique dans le cadre de recherches fondamentales. Le principal travail qui a du être mené au moment du déclenchement de la crise a donc été de convertir un produit de laboratoire en produit industriel. Pour mieux gérer les futures pandémies, il est donc important qu’une telle recherche fondamentale soit mise en œuvre sur les 23 autres familles de virus, telles que les Flaviviridae et les Filoviridae, dont on sait qu’elles peuvent infecter les humains.

 

Leçon n°2 : préparer les antiviraux contre la prochaine pandémie

Trois médicaments ont été approuvés pour inhiber la réplication du SRAS-CoV-2 : le monulpinavir, initialement développé contre la grippe ; le remdesir d’abord créé contre Ebola ; le nirmatrelvir développé contre le Covid-19 mais dérivé d’une molécule mise au point en 2001 contre le SRAS. Tous trois sont issus de programmes de découverte de médicament contre un autre virus à ARN. Pour prévenir au mieux d’autres pandémies de virus à ARN, il faut donc agrandir les bibliothèques scientifiques de composés antiviraux et investir dans des programmes de recherche visant à diversifier les molécules virales potentiellement ciblées par de futurs médicaments. Les scientifiques recommandent d’ailleurs de se concentrer sur des médicaments oraux agissant contre toute une famille de virus, et de ne pas attendre pour mettre en place les premières phases des essais cliniques, d’abord sur l’animal puis sur l’humain.

 

Leçon n°3 : surveiller les lieux d’interaction rapprochées entre humains et animaux

Si le virus détecté à Wuhan en 2019 était beaucoup moins efficace en termes de transmission que ses variants Delta et Omicron, il était malgré tout un pathogène respiratoire suffisamment sérieux pour se propager rapidement. Pour se protéger d’une future pandémie initialement transmise par les animaux (zoonose), il est nécessaire d’accroitre la surveillance autour de tous les lieux d’interactions rapprochées entre humains et animaux, de type marchés, abattoirs, centres vétérinaires, etc. Le risque pandémique étant plus grand avec les virus à transmission respiratoire, trois groupes de virus à ARN franchissant régulièrement les frontières des espèces ont été pointés par les scientifiques comme correspondant le mieux à ce profil de risque : les paramyxovirus de la famille des virus des oreillons et de la rougeole, les virus de la grippe et, surtout, les coronavirus.

 

Leçon n°4 : encourager les collaborations

Pour être en capacité de fournir des vaccins et des antiviraux à peine une année après le déclenchement de la pandémie, la communauté scientifique a du se mettre en ordre de marche pour travailler efficacement. En ce sens la crise sanitaire a vraiment été le catalyseur de nouvelles formes de collaborations dont il est à espérer qu’elles seront maintenues dans les années à venir pour garantir une rapidité d’action toujours plus grande.

 

Leçon n°5 : rester humbles

Si au début de la crise sanitaire, tous les spécialistes des maladies infectieuses étaient en mesure d’expliquer le fonctionnement des agents pathogènes, aucun en revanche ne pouvaient prédire les accidents vasculaires cérébraux, les caillots ou bien la perte d’odorat et de goût que l’on a pu observer tout au long de la pandémie. Fort du constat de cette incapacité, nombreux sont aujourd’hui les membres de la communauté scientifique à plaider pour davantage d’humilité collective et à accepter de reconnaître que, parfois, ils ne savent pas.


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