Le blues du dimanche soir : une affaire de rythme biologique
Se sentir morose le lundi matin est un phénomène courant, lié à notre horloge biologique. Durant le week-end, nos habitudes de sommeil se décalent, nous veillons et nous levons plus tard. Selon le neuroscientifique Pierre-Marie Lledo, il est crucial de ne pas trop perturber son rythme d'endormissement (pas plus d'une ou deux heures de décalage) pour le bien-être de notre cerveau. Avoir un sommeil régulier est l’une des manières les plus efficaces de réguler notre humeur. En manquer peut nous rendre hypersensibles et incapables de contrôler nos émotions.
Face à une mauvaise nouvelle : accuser le coup et relativiser
Apprendre une mauvaise nouvelle, qu'il s'agisse d'un refus, d'une mutation ou de mauvais résultats, nécessite d'encaisser l'annonce et d'observer ses conséquences. Cependant, notre cerveau ayant tendance à se focaliser sur le négatif, Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien, recommande de s'en détacher grâce à deux exercices simples :
- Le 8,8,8 qui consiste à s’interroger sur l'importance de cet événement dans 8 minutes, 8 jours, 8 semaines, et 8 mois, afin de relativiser son impact.
- Le paradoxe de Salomon qui consiste à se donner des conseils à soi-même comme on le ferait à un ami. L'objectif est de brosser une vision plus juste de la situation, sans la nier, la maximiser ou la minimiser.
Collaborer avec des personnes différentes : miser sur la complémentarité
Notre cerveau est naturellement projectif et interprète les signaux faibles en les comparant à son propre référentiel, ce qui peut être source de préjugés. Pourtant, il est aussi éminemment social et se nourrit des liens avec les autres. La solution, selon Pierre-Marie Lledo, consiste à repérer chez autrui ce que nous n'avons pas et à se concentrer sur cette complémentarité. Pratiquer l'introspection aide à distinguer l'intuition de la raison, démêlant ainsi les émotions parasites (peur, malaise, méfiance, frustration) de la réalité (qualités de la personne).
Le départ des enfants : apprivoiser le vide et créer de nouvelles habitudes
Le départ des enfants du foyer familial peut engendrer une désorientation due à la perte de repères. C’est ici le processus d'attachement qui est en jeu : les silhouettes, les démarches et les visages sont ancrés dans nos neurones, et leur absence peut être douloureuse. Aurore Malet-Karas, docteure en neurosciences cognitives et sexologue, conseille d'apprendre à lire et à nommer ses émotions pour les raisonner. De plus, il est essentiel d'établir de nouvelles routines pour remplacer celles qui sont devenues inutiles (réaménager la chambre, par exemple). Grâce à la plasticité cérébrale, de nouveaux chemins neuronaux se créeront pour fixer ces nouvelles habitudes.
Après une dispute : privilégier la bienveillance et temporiser le stress
Lors d'un désaccord, vouloir absolument avoir raison peut mener à l'explosion. Albert Moukheibersuggère d'activer le "principe de charité", une forme de bienveillance interprétative des échanges, en prêtant de bonnes intentions à l'autre. Il est également bénéfique de "procrastiner son stress" en remettant à plus tard le moment d'y penser, afin d'en diminuer l'intensité. Isabelle Simonetto explique quant à elle que repenser à tout ce qui a été positif dans la relation diminue le taux de cortisol (hormone du stress) et apaise l'humeur. Aurore Malet-Karas propose également de prendre une douche pour se décharger de la tension ou de faire des caresses à un être aimé (enfant, animal), car le toucher active le couple hormonal ocytocine-vasopressine, qui diminue le rythme cardiaque, relâche les muscles et procure une sensation de bien-être.
Face à la contrepartie : distinguer les faits des interprétations
Attention à la rumination stérile ! Se répéter en boucle des pensées négatives ne fait qu'alimenter des hypothèses négatives. Isabelle Simonetto conseille de revenir froidement aux faits et d'envisager d'autres interprétations possibles : "Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Pas forcément contre moi". Nos interprétations et notre ressenti sont souvent liés à nos propres problématiques personnelles (manque de considération, culpabilité, besoin de renforcer l'estime de soi). Il est donc crucial d'identifier son vrai besoin derrière le dépit.
Submergé par les tâches à accomplir : décomposer pour mieux avancer
Inutile de se disperser et d'affoler ses cellules grises, car cela sature la mémoire de travail et empêche de donner du sens à un projet. Pierre-Marie Lledo recommande de décomposer les tâches en étapes logiques et de réduire la taille de chacune d'elles. Le cerveau peut visualiser 5 à 10 éléments, pas plusde 10. Pour optimiser l'attention, la méthode Pomodoro (concentration à 100 % sur une tâche pendant 25 minutes avec des pauses régulières) peut être utile. Aurore Malet-Karas suggère de demander de l'aide : remettre du lien dans ses activités est bénéfique pour le cerveau.
Déception : conscientiser pour rebondir
La déception est une émotion forte qui entraîne une baisse d'enképhaline, un neurotransmetteur inhibant la douleur, ce qui conduit au repli et à l'isolement pour réfléchir. Pour surmonter la déception, Isabelle Simonetto conseille de la conscientiser en objectivant par écrit ce qui a échoué et ce qui n'a pas échoué, afin de détecter le positif dans l'échec.
Sentiment d'injustice : agir pour ne plus être victime
Se sentir lésé et écarté en cas de violation du principe d'équité génère de la frustration et parfois de la violence. Pierre-Marie Lledo explique que l'on compare son potentiel à celui des autres et que l'on attend les mêmes récompenses, ce qui peut amener à des pensées négatives. Isabelle Simonetto préconise d'agir rapidement en allant voir les personnes concernées et en notant les points à clarifier. Le simple fait de poser un acte transforme la victime en acteur de sa propre vie.
Les astuces des experts pour cultiver la bonne humeur :
- Pierre-Marie Lledo : bouger son corps en allant travailler à vélo et éviter les personnes nuisibles.
- Aurore Malet-Karas : ouvrir la fenêtre sur un espace de nature (jardin) et contempler le ciel, les arbres, les oiseaux pendant 3 minutes.
- Albert Moukheiber : faire des micro-siestes toutes les 2 heures et se déconnecter de soi pour laisser les choses couler.
- Isabelle Simonetto : pratiquer l'autodérision.
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