La Haute Autorité de santé vient de publier un guide dans lequel l’autorité publique indépendante préconise un parcours de soins, afin d’améliorer le traitement des personnes souffrant d’une douleur permanente.


Longtemps négligé par les professionnels de santé, le traitement de la douleur a fait des progrès en France. En revanche, la prise en charge des douleurs dites « chroniques » en est encore à ses balbutiements dans l’Hexagone.

Or, près de 20% (19,9% exactement) de la population française âgée de 18 ans et plus, soit 12 millions de personnes, souffrent d’une douleur « qui persiste ou se reproduit pendant plus de trois mois », selon la définition de la douleur chronique par l'International association for the study of pain task force on wait-times (IASP), qui fait référence. Pire : on estime que 70% de ces patients ne disposent pas d’une prise en charge adaptée.


Des impacts nombreux

C’est pourquoi la Haute Autorité de santé (HAS) a publié, le 14 février 2023, un guide, rédigé en partenariat avec le Collège de médecine générale (CMG) et la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD), sur le parcours de soins à mettre en place pour les personnes présentant une douleur chronique.

Cette pathologie altère, en effet, la qualité de vie des individus qui en souffrent et impacte fortement la vie de l’entourage. « Elle a des retentissements importants tant sur le plan physique, psychologique, social que professionnel ou scolaire, et elle est source de handicap », souligne la HAS.


Rôle crucial du médecin traitant

En premier lieu, le guide de 84 pages met l’accent sur le rôle crucial de la médecine de ville et plus particulièrement du médecin traitant du patient. C’est autour de lui que l’autorité publique indépendante préconise de mettre en place trois niveaux de prise en charge de la douleur chronique.

Dans le premier niveau qui concerne la grande majorité des patients, le médecin traitant coordonne un parcours de soins intégrant un infirmier, un masseur-kinésithérapeute, un pharmacien, un psychologue et, si besoin, des médecins spécialistes. Par ailleurs, la HAS conseille l’instauration d’une interface entre le médecin traitant et une Structure douleur chronique (SDC).


Hotline et téléconsultations

Les SDC englobent les consultations et centres d’évaluation et de traitement de la douleur chronique dans les hôpitaux publics. La Haute Autorité propose la mise en place dans ces structures d’une hotline dédiée, de téléconsultations, de téléexpertises, de réunions de synthèse pluriprofessionnelles et de réunions de concertation pluridisciplinaires en visioconférence, d’outils de partage de données, en vue d’épauler le médecin traitant.

Si le patient ne répond pas aux traitements conduits au premier niveau - on parle alors de douleur « rebelle » -, le médecin traitant enclenche le deuxième niveau de prise en charge. Le patient est adressé à une SDC ou à un service hospitalier de spécialité en fonction du type de douleur chronique (par exemple, en neurologie pour une céphalée chronique ou une douleur neuropathique) pour établir un diagnostic et décider du traitement adéquat.


Reclassement professionnel envisageable

Dans le cas où la douleur chronique persiste ou est diffuse, le patient passe en troisième niveau. La SDC organise une réunion de concertation pluridisciplinaire, suivie d’une évaluation complémentaire et éventuellement d’un acte technique spécifique. Le troisième niveau peut déboucher sur une hospitalisation du patient. Quoi qu’il en soit, le médecin traitant doit être informé et associé à chacune des étapes.

Le praticien doit également pouvoir s’appuyer sur le soutien des proches du patient. Enfin, la HAS rappelle, dans son guide, que la prise en charge de la douleur chronique peut nécessiter un changement de mode de vie, voire un reclassement professionnel.


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