C’est un constat totalement contre-intuitif. D’après une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) - un organisme public qui dépend des ministères de l’Économie, de la Santé et des Solidarités - rendue publique le 28 août 2025, plus un retraité en France est fortuné et moins il consacre paradoxalement une part de ses revenus aux dépenses de santé.
Le taux d’effort, c’est-à-dire le coût total de la santé pour un assuré (les cotisations et contributions sociales, ainsi que les taxes pour financer l’assurance maladie obligatoire ; les primes de la complémentaire santé ; le reste à charge) se révèle, en effet, inversement proportionnel aux revenus chez les retraités. Selon la Drees, il représente 14 % des revenus des retraités très modestes (dont le niveau de vie est inférieur de 60 % au niveau de vie médian de l’ensemble de la population française), 13 % des revenus des retraités plutôt aisés (entre 120 % et 180 % du niveau de vie médian) et seulement 11 % des revenus des retraités très aisés (au-delà de 180 % du niveau de vie médian).
Une moindre contribution au financement de la Sécu
C’est en détaillant les postes de dépenses que l’on comprend les raisons de ce phénomène. Les retraités très modestes versent une part de leurs revenus plus faible pour le financement de l’assurance maladie obligatoire par rapport aux retraités plutôt aisés et très aisés : 6 %, pour les premiers, contre 8 % pour les deuxièmes et troisièmes.
Les retraités très modestes sont exonérés de contribution sociale généralisée (CSG), alors que les retraités plutôt aisés et très aisés y sont assujettis. Pour rappel, s'il existe un taux de CSG unique pour tous les actifs (9,2 %), on en dénombre quatre chez les retraités qui dépendent notamment de leur revenu imposable : le taux nul (0 %), le taux réduit (3,8 %), le taux médian (6,6 %) et le taux plein (8,3 %). La CSG représente ainsi 4 % du taux d’effort des retraités aisés, contre 0 % pour les retraités très modestes.
Les plus modestes pénalisés par la TVA
En revanche, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui sert - entre autres - à financer la Sécurité sociale, capte 6 % du taux d’effort des retraités très modestes, 3 % pour les retraités plutôt aisés et à peine 2 % pour les retraités très aisés. Plus une personne dispose de ressources et moins, elle mobilise ses revenus pour les dépenses de consommation. Dit autrement, elle peut plus facilement épargner.
De la même manière, les primes de complémentaire santé représentent 6 % du taux d’effort des retraités très modestes, 3 % des retraités plutôt aisés et seulement 2 % des retraités très aisés. Là aussi, le coût de la « mutuelle » est plus indolore lorsque l’on bénéficie de revenus élevés, et ce, même si elle est chère.
Pas de reste à charge chez les plus aisés
C’est d’ailleurs le bon niveau de couverture qui explique le différentiel de reste à charge (RAC). Les sommes restant à payer une fois déduits les remboursements de l’Assurance maladie et de la complémentaire, génèrent 2 % du taux d’effort des retraités très modestes (dont 1 % pour les seules prothèses dentaires). Les retraités plutôt aisés et très aisés n’ont tout simplement pas de RAC, car ils ont les moyens de s’offrir une « bonne » mutuelle.
À noter : tous niveaux de revenus confondus, le taux d’effort des retraités se situe à 11 %, alors qu’il atteint 18 % chez les actifs. Les personnes en activité supportent non seulement la CSG à 9,2 %, mais aussi des cotisations maladie (ce qui n’est pas le cas des retraités, sauf en Alsace-Moselle) prélevées sur leur salaire. Selon le niveau de rémunération, les mesures de financement de l’assurance maladie obligatoire représentent à elles-seules 11 à 15 points de pourcentage du taux d’effort des actifs.
Grâce à cet effet redistributif, le taux d’effort des personnes actives augmente, contrairement aux retraités, avec les revenus. Il s’élève à 15 % pour les actifs très modestes, 16 % pour les actifs plutôt modestes, 17 % pour les actifs médians, et 18 % pour les actifs plutôt aisés et très aisés.
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