A peine annoncé, en octobre 2019, le plan national 2020/2022 «Agir pour les aidants» a vu son élan entamé du fait de la crise sanitaire survenue peu de temps après son lancement. Ce plan inédit marquait la prise de conscience politique du rôle primordial des aidants et la volonté de les soutenir. Il appréhendait l'ensemble des problèmes des aidants, affirmant pour la première fois une vision globale de la complexité de leur rôle. Il établissait des priorités, dont découlaient des objectifs d'actions, accompagnés de financements.


Où en est-on aujourd'hui ?

Doit-on parler de ce plan à l'imparfait, ou bien est-il encore possible de le conjuguer au présent et au futur ?

Rappelons tout d'abord que ce plan comprend six priorités :

 

  • Rompre l'isolement des proches aidants et les soutenir au quotidien dans leur rôle
  • Ouvrir de nouveaux droits sociaux aux proches aidants et faciliter leurs démarches administratives
  • Permettre aux aidants de concilier vie professionnelle et rôle d'aidant
  • Accroître et diversifier les solutions de répit
  • Agir pour la santé des proches aidants
  • Épauler les jeunes aidants

 

Chacune de ces priorités est assortie de mesures concrètes, avec un échéancier de mise en œuvre.

Cet échéancier prévoit une réalisation qui va de 2020 pour certaines mesures, à 2022 pour d'autres.

 

Concernant les mesures, toutes priorités confondues, dont la mise en place était prévue pour 2020, il est possible de les reparcourir et d'en constater, ou non, la mise en œuvre.

  

Fait ou à faire ?

Tour d'horizon de la mise en œuvre des mesures prévues pour 2020

 

1 – Dans l'objectif de rompre l'isolement des proches aidants :

 

  • la mise en place d'un numéro téléphonique national dans le but de fournir une première écoute, puis d'orienter vers des structures d'accueil territorialisées, n'est pas réalisée,

 

  • la création d'un réseau de lieux d'accueil labellisés «Je réponds aux aidants» n'est a fortiori pas réalisée.

 

2 – Dans l'objectif d'ouvrir de nouveaux droits sociaux aux aidants et de faciliter leurs démarches   administratives :

 

  • l'indemnisation du congé de proche aidant a été réalisée dès octobre 2020, de même que d'autres améliorations, comme par exemple la suppression de la condition d'un délai d'ancienneté d'un an ou le maintien des droits à la retraite durant le congé.

 

 

3 – Dans l'objectif de permettre aux aidants de concilier vie personnelle et vie professionnelle :

 

  • Un nouveau thème de négociation obligatoire d'entreprise a été rajouté par la loi: celui des mesures destinées à faciliter la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle des salariés proches aidants (Article L2241-1 du code du travail).

 

4 – Dans l'objectif d'accroître et diversifier les solutions de répit :

 

  • Un cadre national d'orientation a été établi, lançant le programme de concertation nécessaire pour structurer l'offre de répit sur le territoire, thème dont la nécessité a été encore accentuée par la crise sanitaire ajoutant aux difficultés des proches aidants. Si l'on ne peut attendre encore de résultats notables à très court terme, cette mise en mouvement est toutefois un signe positif.

 

  • D'autre part, l'expérimentation du relayage à domicile s'est poursuivie et prendra fin en décembre 2021. Il s'agira de voir alors si cette mesure est généralisée.

 

5 – Dans l'objectif d'agir pour la santé des proches aidants :

 

  • Le dossier médical partagé (DMP) inclut désormais un volet qui renseigne la qualité de proche aidant dans le Dmp de la personne aidée et dans celui du proche aidant.

Cette précision permet par exemple, en cas d'accident de l'aidant, de donner aux professionnels de santé une alerte afin de se préoccuper du sort du proche aidé.

Cela contribue aussi à «créer un réflexe proche aidant» parmi les professionnels de santé.

 

  • En revanche, l'étude annoncée sur «la compréhension des risques qui pèsent sur la santé des proches aidants» n'a pas encore été réalisée.

 

6 – Dans l'objectif d'épauler les jeunes aidants :

 

  • L'expérimentation de sensibilisation des personnels de l'Education nationale est en cours, en lien avec l'association JADE (voir notre article «Les jeunes aidants»), dans quatre départements : Essonne, Val-de-Marne, Ariège et Haute-Garonne.

 

  • L'aménagement des rythmes d'études pour les jeunes aidants étudiants n'a pas encore fait l'objet de dispositions spécifiques pour une application concrete et généralisée.

 

En outre, au-delà des six priorités retenues, le plan prévoyait aussi des actions «leviers» pour mobiliser la société, comme par exemple, dès 2020, une campagne nationale de sensibilisation.

Il est évident que celle-ci n'a pas vu le jour, la priorité de l'attention étant donnée à la crise sanitaire.



Il reste beaucoup à faire

Nous nous sommes attachés à passer en revue la réalisation ou non des mesures prévues en 2020, laissant volontairement de côté celles prévues en 2021 et a fortiori au-delà. Comme nous le disions en début de cet article, l'épidémie de covid19 a déferlé sur nous, peu après l'annonce de ce plan, occultant tous les autres enjeux sociétaux.

La part la plus importante de ces mesures reste donc à réaliser et notamment, pour ne citer que celles-ci :  le déploiement de solutions de répit et le maillage du territoire par des structures d'accueil, d'aide et d'information spécifiquement dédiées aux aidants.

Les aidants sont pourtant là, plus que jamais, à soutenir les plus fragiles dans la tourmente.

Nous ne pouvons que souhaiter que ce plan soit «juste retardé».

Bien sûr nous ne manquerons pas de relayer de nouvelles avancées, au fur et à mesure qu'elles se présenteront.

  

Lire ici le dossier de presse «Agir pour les aidants», avec le détail du plan.


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 ARTICLES N° 67 ET 68 La Maison des Aidants® Association Nationale / ANPERE