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Prévention et Santé 21 décembre 2022

Changement climatique : quels impacts sur la santé ?


Causant actuellement près de 150 000 décès par an – un chiffre qui pourrait doubler entre 2030 et 2050 -, le changement climatique est aujourd’hui de plus en plus considéré comme une menace majeure pour la santé publique. Quelles sont les maladies provoquées par le réchauffement climatique ? Lesquelles sont appelées à se développer dans les années à venir ? Pourquoi les femmes enceintes sont-elles particulièrement concernées ? Explications. 


Dans une étude récemment publiée dans la revue britannique The Lancet, 99 experts issus de 51 institutions ont démontré les nombreux effets délétères sur la santé du dérèglement climatique engendré par notre trop grande dépendance mondiale aux énergies fossiles. Nous savons ainsi qu’entre 2017 et 2021, les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68% et devraient continuer d’augmenter au cours des prochaines années, que les températures élevées aggravent les maladies cardio-vasculaires et respiratoires ce qui entraine une détérioration du sommeil et de la santé mentale, et que près de 100 millions de personnes supplémentaires seront en situation d’insécurité alimentaire grave par rapport à la période 1981-2010. La raison de ces décès ? La malnutrition, le paludisme, la diarrhée et le stress.

Quelles maladies provoque le réchauffement climatique ? 

Au premier rang des complications engendrées par le réchauffement climatique se trouvent les problèmes respiratoires. Les vagues de chaleurs intenses que nous connaissons depuis plusieurs années favorisent en effet la pollution de l’air par l’ozone susceptible de provoquer chez de nombreuses personnes : des toux, des irritations des yeux et des voies aériennes supérieures. La diminution de la couche d’ozone devrait par ailleurs rendre le rayonnement UVB plus agressif augmentant chez l’homme le risque de mélanome. Autre conséquence indirecte : la prolifération des moisissures (via l’utilisation croissante de climatisation) pouvant être à l’origine de risques sanitaires. 

S’accompagnant d’hivers plus doux et de printemps précoce, le réchauffement climatique a également pour conséquence d’allonger la saison pollinique et donc de favoriser la concentration accrue de pollens dans l’air entrainant rhinites, conjonctivites, toux, maux de tête, fatigue chez certaines personnes. Avec un doublement du nombre de personnes allergiques au pollen au cours des 20 dernières années, on estime actuellement que 20 à 25% de la population souffrent d’allergies en France. On s’inquiète par ailleurs de constater que les symptômes allergiques sont de plus en plus graves.

Une grande étude mondiale réalisée entre 2000 et 2015 et dont les résultats ont été publiés en 2021 montre enfin que 7,4% des hospitalisations liées à des maladies rénales pourraient être attribués à la hausse des températures. A titre d’exemple, cette étude révèle qu’en 15 ans, la hausse des températures aurait ainsi causé plus de 202 000 cas de maladies rénales au Brésil.

À noter : les phénomènes météorologiques extrêmes ont également des impacts sur la santé. Les pluies diluviennes peuvent en effet augmenter la fréquence des inondations et coulées de boue (avec des risques de décès par noyade, crise cardiaque et blessures), et ainsi favoriser le développement de certaines pathologies liées à l’ingestion d’eau contaminée (gastroentérites, voire hépatites virales, ou typhoïdes dans certains cas).

Quelles sont les quatre maladies qui risquent de se propager dans le futur ? 

La fonte des calottes glaciaires et l’élévation du niveau de la mer représentent des menaces au niveau écologique, mais également au niveau épidémiologique. En effet, certaines maladies dont nous pensions être débarrassés depuis des années refont surface. Parmi elles :

. L’Anthrax : la hausse des températures a réveillé une bactérie mortelle, présente dans la carcasse d’un renne congelé depuis 75 ans dans le Grand Nord russe. La maladie du charbon, appelé anthrax, a provoqué la mort d’un enfant de 12 ans, contaminé 21 personnes et tué 2000 rennes au cours de l’été 2016, alors qu’aucune trace de la maladie n’avait été observée depuis 1941. En 2018, plus de 50 animaux sont morts en deux mois dans les champs des Hautes-Alpes, en France, contaminés par cette bactérie. 

. Le virus Zika : quasiment inoffensif chez l’adulte, le virus Zika peut avoir des conséquences dramatiques sur le fœtus lorsqu’il touche une femme enceinte. Le principal vecteur de la maladie est le moustique Aedes aegypti, qui transporte également la dengue et le chikungunya. Cet insecte se trouve principalement dans les zones tropicales en Amérique centrale et du Sud, en Asie du Sud et dans certaines régions d’Afrique. Mais à cause du réchauffement climatique, il pourrait trouver d’autres pays tout aussi accueillants.

. La maladie de Lyme : comme les moustiques, les tiques pourraient se déplacer vers des pays qui se réchauffent, en transportant des maladies comme la maladie de Lyme. En supposant que la planète continue de se réchauffer, les tiques ont 213% de probabilité de remonter des États-Unis vers le Canada en 2080, et de la partie méridionale de l’Europe vers le nord. 

. Le choléra : cette infection intestinale aiguë provoquée par la bactérie Vibrio cholerae sévit principalement dans les régions intertropicales. Des chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont prouvé la corrélation étroite existant entre les manifestations du choléra et les différents paramètres liés aux variations du climat, notamment en Afrique de l’Ouest. 

Pourquoi les femmes enceintes sont-elles davantage concernées ?

Selon certains chercheurs américains, les femmes enceintes exposées à des températures élevées ou à d’importants niveaux de pollution auraient davantage de risque de donner naissance à des nouveau-nés prématurés. À l’origine de cette alarme : 57 études publiées au cours des 15 dernières années selon lesquelles il existerait une relation entre la chaleur ou la pollution de l’air et les naissances aux États-Unis et dont les résultats semblent laisser entendre que les problèmes de santé des bébés devraient s’aggraver davantage encore avec le changement climatique.


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