Selon l’INSERM, les deux tiers des consultations médicales seraient à l’origine motivées par une douleur. Or, la science le sait aujourd’hui, la douleur relève en partie de la perception. Comment interpréter la douleur en tenant compte de cette part subjective ? Comment la traiter ? Peut-on la soulager ? On vous explique tout. 


La définition de la douleur a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Les nombreuses études visant à élucider ses mécanismes ont effet progressivement permis d’y intégrer une composante émotionnelle. Ainsi, l’association internationale de l’étude de la douleur (IASP) définit aujourd’hui cette dernière comme une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à, ou ressemblant à, des lésions tissulaires réelles ou potentielles ». La douleur relève donc bien de la perception, ce qui rend difficile l’évaluation de son intensité autrement qu’en ayant recours à la fameuse échelle d’estimation de 0 à 10. Pour autant, il est important pour les professionnels de la santé de déterminer au moins sa nature et sa durée.

 

La douleur : symptôme ou maladie ?

Deux types de douleurs sont à distinguer : les douleurs aigües et les douleurs chroniques. Dans le premier cas, la douleur a une fonction d’alarme : elle signale à l’organisme qu’il doit se protéger contre une atteinte. Elle peut alors être considérée comme un symptôme. On parle de douleurs chroniques lorsque la douleur persiste au-delà de trois mois. On considère alors qu’il ne s’agit plus d’un signal d’alarme, mais d’une maladie. Ces douleurs chroniques, dont souffrent 30 % des Français, sont classées en fonction de leur mécanisme. On parle de douleurs inflammatoires lorsqu’elles sont associées à des inflammations persistantes, comme dans le cas des douleurs articulaires ; de douleurs neuropathiques lorsqu’elles proviennent d’atteintes du système nerveux, liées par exemple à un accident vasculaire cérébral ; de douleurs mixtes lorsqu’elles associent une composante inflammatoire et une composante neuropathique, comme cela peut être le cas suite à un cancer ou à une chirurgie ; de douleurs nocilastiques lorsqu’elles sont liées à des altérations du système de détection de la douleur dans lequel il n’y a aucune lésion, comme on le voit chez des patients atteint de fibromyalgie ou de céphalées chroniques.

 

Quels sont les mécanismes de la douleur ?

Grâce aux nombreuses études consacrées à la douleur au cours des dernières années, on est aujourd’hui capables de décrire les circuits de la douleur comme suit : des stimuli mécaniques, chimiques ou thermiques activent les récepteurs de la douleur situés au niveau de notre peau ou de nos organes - nous connaissons actuellement une quarantaine de récepteurs, réagissant chacun à un stimulus différent -, ces derniers envoient un signal qui parcourt la moelle épinière, cette dernière peut soit déclencher une réaction réflexe – comme retirer la main du feu – soit encoder le signal et le transmettre au cerveau ; différentes zones du cerveau sont alors activées pour interpréter cette douleur. Parmi ces zones : celle liée aux informations sensorielles bien sûr, mais aussi celles de l’attention, de l’émotion, voire de la mémoire, etc. Au total : une quinzaine de régions cérébrales actives dont on a aujourd’hui une cartographie grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale.

 

Comment le cerveau contrôle-t-il la douleur ?

Une fois l’information reçue, le cerveau est en capacité de modifier le traitement du signal par la moelle épinière. A titre d’exemple, une proie blessée par un prédateur n’aura pas conscience de la douleur de sa blessure le temps de sa fuite :  et pour cause, « considérant »comme prioritaire la survie de cet animal, le cerveau bloquera temporairement l’information de la douleur. On parle alors de contrôle descendant de la douleur.

 

Comment traiter la douleur ?

Si les douleurs aigües bien connues des chercheurs sont relativement faciles à soulager - par antalgiques pour les douleurs inflammatoires, par morphine pour les douleurs aigües rebelles -, les douleurs chroniques restent quant à elles difficiles à comprendre. Elles font donc l’objet de nombreuses études aujourd’hui. On sait par exemple que certains anti-dépresseurs, voire certains anti-épileptiques, agissant sur le contrôle descendant de la douleur, sont utilisés depuis les années 1960 pour soulager 30 à 50 % des patients souffrant d’une douleur neuropathique. Depuis une vingtaine d’années, on sait par ailleurs que les opioïdes ne sont plus réservés aux douleurs aigües, mais également prescrits en cas de douleurs chroniques. Une approche qui n’est pas sans danger dans la mesure où, l’efficacité des opioïdes diminuant au fil des ans, les patients courent le risque de développer une accoutumance et des effets secondaires. Pour réduire les prises médicamenteuses, il est aussi possible de recourir à certains traitements non pharmacologiques, tels que l’acupuncture, la relaxation ou l’hypnose.


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