Dans une étude publiée le 17 mai dernier, UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme quant aux inégalités d’accès en Ehpad. Selon l’association de consommateurs, ces inégalités se manifestent à deux niveaux : non seulement en termes de nombre de places disponibles entre les différentes régions mais aussi en termes de tarif entre le public et le privé. Explications.


Avec un nombre de personnes de plus de 60 ans dépendantes estimé à près de 4 millions à l’horizon 2050, la question des conditions d’accès en EHPAD est plus que jamais d’actualité. Des conditions d’accès qu’il est a priori urgent de repenser si l’on s’en tient aux inégalités révélées dans la dernière étude publiée par l’UFC-Que choisir.

 

Une répartition très hétérogène des places sur le territoire

La première inégalité est géographique car, comme l’explique l’étude, « le nombre de places rapporté à la population de personnes âgées de plus 75 ans peut varier du simple au quadruple selon les départements ». Ainsi, alors qu’en Lozère il y a 169 places pour 1000 habitants de plus de 75 ans, à Paris ce nombre tombe à 41. Pour autant, comme l’explique l’étude, plus que les différences de capacités d’accueil en EHPAD rapportées au nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus selon les départements, ce sont les différences de capacités d’accueil mises en relation avec les besoins d’accès aux EHPAD (des personnes dépendantes essentiellement) qui peuvent constituer un facteur d’inégalité territoriale. Or si l’on met en regard ces capacités et ces besoins, on constate d’importantes disparités au niveau national puisque, alors qu’en Corse 19% des personnes dépendantes peuvent être admises dans un EHPAD, cette part est de 79% dans le Maine-et-Loire. 

 

Des restes à charges très variables selon les départements

A cette fracture territoriale s’ajoute également une fracture financière. Si le coût moyen d’une chambre en EHPAD est de 2 214 euros par mois, il varie du simple au double selon les départements. Ainsi, selon l’UFC-Que Choisir, « alors qu’en Meuse un résident paye en moyenne sa chambre en EHPAD 1 749 euros par mois, les prix sont bien plus importants dans le Rhône (2 521 euros), les Bouches-du-Rhône (2 525 euros), la Corse-du-Sud (2 623 euros), les Alpes-Maritimes (2 679 euros), et à Paris (3 698 euros) ». Or, les restes à charge sont souvent démesurés par rapport au niveau de vie des retraités. Si, en moyenne, les résidents doivent prélever 416 euros par mois dans leur épargne pour payer leur chambre, ce chiffre peut dépasser les 1000 euros en Ile-de-France et les 800 euros sur la côte méditerranéenne.

 

Des différences tarifaires liées aux différents types d’EHPAD

Ces différences tarifaires s’expliquent en grande partie par les types d’Ehpad – publics, associatifs ou privés à but commercial – implantés dans chaque département. En effet, les Ehpad privés pratiquent des tarifs près de 50 % plus élevés que dans le public. En conséquence, plus leur part est élevée dans un département, plus le prix moyen d’une place en établissement est tiré vers le haut. Ainsi, alors qu’il faut compter en moyenne, selon l’UFC-Que choisir, 1 936 euros par mois pour une place en EHPAD public, la note monte à 2 147 euros par mois dans les EHPAD associatifs et à 2 898 euros par mois dans les EHPAD privés. Un dernier tarif très élevé justifié selon les établissements privés par une meilleure qualité de service que l’UFC-Que choisir remet en question. En effet, en plus d’un taux d’encadrement des résidents de 55,6% dans les structures privées contre 68,1% dans les structures publiques, il semblerait que la qualité de la restauration et des animations ne soit pas non plus à l’avantage des structures privées.

 

Les préconisations de l’UFC-Que Choisir

Au vu de ces constats, l’UFC-Que Choisir demande que :

  • de nouvelles places en Ehpad soient créées « essentiellement dans les structures publiques » ;
  • les tarifs des établissements privés soient plafonnés et que ces établissement soient obligés de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l’Aide sociale à l’hébergement (ASH) ;
  • un « taux d’encadrement minimal » soit mis en place dans toutes les structures et qu’il soit rendu public ;
  • les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de vie sociale des Ehpad.

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