Sous l’effet à la fois du durcissement des règles de retraite et du développement de la précarité, les jeunes générations risquent de percevoir des pensions proportionnellement moins élevées que leurs aînés, pointe un document du Conseil d’orientation des retraites.


La majorité des jeunes Français ne se font pas beaucoup d’illusion quant au montant de leurs futures pensions de vieillesse. Dans un document rendu public le 11 juillet 2019, le secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites (COR), un organisme de référence placé sous la tutelle de Matignon, leur donne (malheureusement) raison. Les jeunes générations subissent, en effet, une sorte de double peine.

En premier lieu, ils supportent de plein fouet les mesures instaurées pour assurer l’équilibre financier du système de retraite alors que celui-ci doit faire face au vieillissement de la population. Pour pousser les Français à travailler (et donc à cotiser) plus longtemps, la réforme de 2014 a ainsi allongé la durée d’assurance (le nombre de trimestres de cotisation exigé pour percevoir une pension sans décote) qui va progressivement passer de 166 trimestres (41,5 ans) pour les assurés nés en 1955 à 172 trimestres (43 ans) pour ceux nés à partir de 1973.


Davantage de chômage, de contrats précaires et de pauvreté

Or, les jeunes entrent de plus en plus tardivement sur le marché du travail sous l’effet de l’allongement de la durée des études supérieures. Par ailleurs, le taux d’activité après 60 ans demeure bas en France. Dans ces conditions, il va être difficile pour les 20-25 ans de disposer de tous leurs trimestres lorsqu’ils vont liquider leurs droits. Ils vont également pleinement ressentir la politique de baisse des rendements engagée par l’Agirc-Arrco depuis plusieurs années pour dégager des économies. En d’autres termes, les cotisations de retraites complémentaires versées par les jeunes salariés vont, au final, moins leur rapporter par rapport à leurs aînés.

Outre ce durcissement des paramètres de retraites, les jeunes connaissent une vie professionnelle nettement moins linéaire, ce qui va avoir là aussi un impact sur le montant de leurs futures pensions. C’est cette détérioration de la carrière que pointe particulièrement le COR. Le Conseil, qui a compilé les données de l’Insee, du ministère du Travail, de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) ou encore de l’Agirc-Arrco, rappelle tout d’abord que le taux de chômage des 20-24 ans (hors étudiants) nés à la fin des années 1980 a atteint 20%, contre 10% au même âge pour la génération née au début des années 1960. Surtout, 30% des premiers étaient en contrats précaires (CDD, intérim) alors qu’ils étaient seulement 10% dans ce cas pour les seconds.

Pire : le COR constate que chez les moins de 30 ans, de plus en plus perçoivent un salaire annuel inférieur au Smic. Si 5% des 20-24 ans se situaient sous le seuil de pauvreté en 1970, le taux a bondi à 25% pour cette classe d’âge en 1996, souligne également l’organisme consultatif. « Il y a donc un risque que ces générations, ou du moins les individus les moins favorisés, cumulent des carrières moins favorables et des conditions de départ à la retraite dégradées par rapport aux générations précédentes »,alerte le COR.


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