L’accès aux soins des personnes âgées et la prise en charge de leur perte d’autonomie varient beaucoup selon leur lieu de résidence, pointe une récente étude de la Caisse des dépôts.


En France, les personnes âgées ne sont pas égales en matière de santé et de dépendance. En fonction de leur lieu de résidence, elles ont plus ou moins accès aux soins et à la prise en charge de la perte d’autonomie. Telle est la conclusion d’une enquête publiée le 12 mai 2022 par la direction des politiques sociales (DPS) du groupe Caisse des dépôts.

Rédigé par Nathalie Chataigne et Clémence Carrigade, respectivement chargée d’études actuarielles et statistiques et chargée d’études statistiques au sein de la DPS, le document compulse plusieurs données publiques, notamment celles de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Solidarités et de la Santé.


Une offre de professionnels moins fournie dans les zones peu denses

Les deux chargées d’études rappellent que l’expression « déserts médicaux » n’est pas un vain mot. Plus les Français habitent loin des grandes agglomérations, et plus il leur est difficile de consulter un professionnel de santé. En prenant 10 comme valeur médiane de l’accessibilité potentielle localisée (APL) - un indicateur qui mesure l’accès aux soins -, la valeur varie grandement en fonction de la densité de population de la commune d’habitation et de la profession médicale ou paramédicale.

Pour les médecins généralistes, l’APL atteint 11,1 en densité 1 (population dense), 10,4 en densité 2 (population intermédiaire), 8,5 en densité 3 (population peu dense) et tombe à 7,1% en densité 4 (population très peu dense). Dans ce dernier cas, cela signifie que l’offre disponible de médecins généralistes est 30% inférieure à l’offre médiane d’omnipraticiens dans le pays.


Un manque encore plus important pour les infirmiers et les kinésithérapeutes

Les écarts sont plus marqués pour les infirmiers libéraux. L’APL va de 12,2 en densité 2 à 6,9 en densité 4. Soit un différentiel de 5,3 points. Le fossé est encore plus important pour les masseurs-kinésithérapeutes. De 12,1 en densité 1, l’APL pour ces professionnels de santé se situe à 11,1 en densité 2, à 7,2 en densité 3 et à… 4,7 en densité 4. C’est-à-dire une offre inférieure de plus de 50% à l’offre médiane nationale !

Or, les individus de 75 ans et plus constituent 8,6% de la population des communes de moins de 2.000 habitants, contre 8% dans les communes de plus de 2.000 habitants. Dit autrement, les personnes âgées sont surreprésentées dans les zones peu denses. Problème : que ce soit pour les médecins généralistes, les infirmiers ou les masseurs-kinésithérapeutes, « ces trois types d’intervenants jouent un rôle majeur pour le maintien à domicile des personnes âgées, aussi bien en termes de prévention de la dépendance que de prise en charge à domicile des personnes dépendantes dans des conditions satisfaisantes », observent les deux autrices de l’étude.

Dernier facteur aggravant de cette disparité territoriale de l’accès aux soins pour les personnes âgées : la possession d’un véhicule. Alors que seulement 11% des ménages de 60-74 ans ne possèdent pas de voiture, le pourcentage grimpe à 31% chez les ménages de 75 ans et plus. Et sans véhicule, il est encore plus compliqué de consulter un médecin ou un « kiné », a fortiori si on vit en zone rurale…


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