Alors que sept personnes sur huit estiment qu’elles ont 50% de risques de perdre leur autonomie, neuf sur dix jugent qu’elles vont avoir des difficultés à payer leur maison de retraite, selon une récente étude de la Caisse des dépôts.


La dépendance fait figure de chiffon rouge pour les Français. Une étude de la direction des politiques sociales (DPS) de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), rendue publique le 28 juin 2021, montre que nos concitoyens sont non seulement conscients du risque de perte d’autonomie, mais qu’ils le redoutent.

D’après cette enquête menée auprès de 3.183 personnes âgées de 18 ans et plus représentatives de la population française, à peine 1,3% des individus interrogés sont certains qu’ils ne deviendront pas dépendants. Pour 12,5% des sondés, le risque est faible. A contrario, 54,7% jugent probable ou très probable qu’ils perdront un jour leur autonomie. Seulement 5,6% considèrent comme certain qu’ils tomberont en dépendance.


Aide pour les tâches ménagères

Ronan Mahieu, l’auteur de l’enquête, par ailleurs directeur des études et des statistiques à la direction des politiques sociales de la CDC, en conclut que sept personnes sondées sur huit estiment avoir 50% de risque de perdre à terme son autonomie. Sans surprise, les répondants ayant des problèmes de santé et ceux connaissant un proche en état de dépendance envisagent davantage de devenir dépendants. C’est également le cas des personnes diplômées.

Au-delà de la probabilité de perdre leur autonomie, 60% des déclarants âgés de moins de 80 ans jugent probable ou très probable d’avoir besoin d’aide pour les tâches ménagères (ménage, préparation des repas, courses alimentaires) à 80 ans. Le taux tombe à 35% pour les soins personnels (toilette, habillage, prise des repas) et à 32% pour les tâches administratives (gestion du budget, s’occuper des papiers…). Quelque 22% vont jusqu’à imaginer devoir être un jour surveillés. « Ce que l’on peut interpréter comme un besoin généré par des difficultés cognitives de type Alzheimer »,analyse l’auteur.


Refus du soutien régulier des enfants

Parmi les répondants vivant en couple, 57% comptent sur l’aide régulière de leur conjoint s’ils deviennent dépendants. Les femmes étant en moyenne plus jeunes que leur conjoint, elles sont moins nombreuses que les hommes à anticiper pouvoir bénéficier très régulièrement de l’aide de leur époux, partenaire de Pacs ou concubin (53%, contre 62% pour les hommes).

Plus de la moitié (56%) des répondants ayant des enfants prévoient de faire appel à leur progéniture s’ils deviennent dépendants. Mais pour plus des trois-quarts d’entre eux, il s’agira d’une aide occasionnelle. Seulement 13% des parents interrogés tablent sur une aide régulière de leurs enfants. Une plus petite minorité de sondés (5%) accepteraient que leurs fils et filles fassent des sacrifices personnels et/ou professionnels en vue de ne pas payer une aide à domicile. À l’inverse, 72% refusent un tel scénario.


Bonne appréhension du prix des Ehpad

Si les sondés éprouvent des difficultés à évaluer le coût d’une prise en charge à domicile, ils ont une bonne appréhension du coût mensuel d’une maison de retraite. Plus du tiers le chiffrent à 2.000 euros par mois, ce qui est très proche de la réalité. Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le prix médian d’une place en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) se situe à 2.004 euros par mois.

Dans ces conditions, 90% des déclarants pensent que leur pension de retraite ne sera pas suffisante pour couvrir le prix de leur placement en Ehpad. Même en mobilisant l’ensemble de leurs ressources (dont l’épargne), les deux-tiers des personnes interrogées ne sont pas sûres de pouvoir financer entièrement un hébergement en maison de retraite.


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