Les souscripteurs d’unités de compte sont de plus en plus nombreux alors même que ces supports d’investissement sont risqués, constate une étude du gendarme français des marchés financiers.
Lentement mais sûrement, le nombre de souscripteurs d’unités de compte (UC) progresse dans l’Hexagone, se réjouit l’Autorité des marchés financiers (AMF). Dans le dernier numéro de la Lettre de L’Observatoire de l’épargne publiée le 25 juin 2020, le superviseur de la Bourse de Paris souligne que 12,4% de Français détenaient en mars dernier des UC dans le cadre de leur contrat d’assurance vie, contre 11,8% un an auparavant et 10% quatre ans plus tôt.
Certes, l’augmentation n’est pas spectaculaire. Il n’empêche, elle est réelle et constante. D’autant qu’elle va à l’encontre de la fameuse aversion au risque des épargnants français. Contrairement aux fonds en euros, les unités de compte ne proposent, en effet, pas de garantie sur le capital. En cas de baisse des marchés financiers, c’est l’assuré et non l’assureur qui enregistre la moins-value.
Des raisons multiples
Les raisons du plus grand intérêt des Français vis-à-vis des UC sont multiples. Il y a, bien sûr, l’érosion de la rentabilité des fonds euros. Ces supports sécurisés étant composés à plus de 80% d’obligations, ils subissent le faible niveau des taux d’intérêt des emprunts d’État, orchestré par la Banque centrale européenne (BCE) qui y voit le moyen d’inciter les ménages et les entreprises à emprunter et soutenir ainsi l’activité économique sur le Vieux continent.
Après 1,80% en 2018, le rendement moyen des fonds euros devrait tomber à 1,40% en 2019 (le taux n’a pas encore été communiqué officiellement). Exprimé net de frais de gestion, il est, en revanche, brut d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, prélèvement de solidarité) à 17,2%. De quoi réduire un peu plus sa rentabilité réelle.
Intérêt des assureurs
Les performances des UC sont généralement plus élevées car ces supports sont principalement investis dans des actions. Pour aller chercher du rendement, les souscripteurs n’ont donc guère d’autre choix que de se tourner vers les unités de compte. Ils y sont même quelquefois contraints. Certains assureurs vie obligent leurs clients à souscrire une part minimum d’UC à côté du fonds euros à l’ouverture d’un contrat multisupports. D’autres offrent des bonus, c’est-à-dire qu’ils majorent le rendement du support en euros si le souscripteur augmente son exposition aux unités de compte.
Les assureurs ont, il est vrai, tout intérêt à développer la souscription d’UC. Le capital de ces supports n’étant pas garanti à tout moment, ils nécessitent moins de fonds propres pour respecter les règles prudentielles. En outre, compte tenu des taux bas, les assureurs doivent éviter d’acquérir en ce moment trop de dettes souveraines qui vont diluer encore un peu plus la rentabilité de leur actif général. Certains d’entre eux en sont déjà réduits à puiser dans leurs réserves financières pour maintenir une rémunération correcte de leur fonds euros.
Croissance en trompe-l’œil
La part croissante de souscripteurs d’UC ne peut donc que réjouir les assureurs. Ce phénomène est, en réalité, un peu en trompe-l’œil. En regardant de plus près l’étude de l’AMF, force est de constater que l’appétence aux unités de compte est loin d’être généralisée. Elle est surtout l’apanage des épargnants les plus âgés et les plus aisés, c’est-à-dire ceux les plus à même à prendre des risques.
Si 56,45% des 12.000 personnes interrogées par l’AMF ont 45 ans et plus, la proportion grimpe à 73,5% chez les détenteurs d’UC. Ces derniers sont 55,7% à disposer de ressources supérieures à 3.000 euros par mois (34,3% au sein du panel de sondés). Leur revenu mensuel moyen s’élève ainsi à 3.489 euros, contre 2.736 euros chez l'ensemble des déclarants. Enfin, 18,6% des souscripteurs d’UC possèdent un patrimoine financier supérieur à 150.000 euros. Ils sont à peine 4,4% dans ce cas dans l’échantillon. Pour prendre des risques, encore faut-il en avoir les moyens...
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