Qu’est-ce que la fraude du président ? Il s’agit d’une escroquerie de plus en plus fréquente, qui consiste à se faire passer pour le patron d’une société et à ordonner des virements. En France, le préjudice global est estimé à 485 millions d’euros sur les 6 dernières années.
Le mode opératoire
Le concept est très simple : un fraudeur expérimenté se fait passer pour le dirigeant d’une entreprise ou d’une de ses filiales, pour convaincre un salarié d’effectuer, en urgence, un ou plusieurs virements importants et surtout confidentiels, à un tiers. Bien évidemment, le compte bancaire où est fait le virement est basé à l’étranger.
Le salarié est contacté par email ou téléphone, c’est généralement le comptable de l’entreprise qui est visé. L’escroc lui ordonne d’effectuer le ou les virements dans le cadre d’une opération secrète, le plus souvent une acquisition. Et bien sûr, le faux patron interdit au salarié de parler de cette opération à qui que ce soit. Il lui donne pour instruction d’échanger exclusivement par email avec lui, en lui donnant une adresse « personnelle », soi-disant pour garantir la confidentialité.
En général, les fraudeurs sont très bien renseignés sur la société mais aussi sur leur interlocuteur, ce qui leur permet de paraître crédible, d’exercer une forte pression psychologique et donc d’être très persuasifs
Les caractéristiques de la fraude au président
A chaque fraude, on retrouve les mêmes caractéristiques :
- Email : c’est le principal moyen de communication utilisé par les escrocs, avec ou sans échanges téléphoniques complémentaires.
- La destination des virements: elle est totalement inhabituelle par rapports aux zones d’activités de l’entreprise.
- Les modalités de virement: tout se passe manuellement, loin des procédures classiques de paiement électronique.
- Le montant et la fréquence des virements: ils sont en général plus importants et beaucoup plus élevés que les transactions habituelles.
- Le moment: l’escroc opère à des moments bien précis, c’est-à-dire, la veille ou pendant les vacances scolaires, les veilles de jours fériés, et de préférence tôt le matin, à l’heure du déjeuner ou encore tard dans l’après-midi.
Se protéger contre la fraude au président
Il faut avant tout sensibiliser le personnel susceptible d’être manipulé et leur rappeler que l’application stricte des procédures de vérification ne peut en aucun cas donner lieu à des reproches ou à des réprimandes de la part de la hiérarchie. Il faut ensuite mettre en place une procédure de contrôle simple en cas de demande urgente et inhabituelle de virement élevé. Le salarié contacté doit par exemple évoquer la situation avec son manager avant d’agir. Enfin, il peut être pertinent de mettre en place une procédure de double signature au-delà d’un certain montant.
Le constat de la fraude du président
Dès que la fraude est découverte, il faut contacter la banque qui a réceptionné les fonds. La coopération interbancaire peut permettre de récupérer tout ou partie des fonds. Une plainte doit également être déposée avec constitution de partie civile afin de pouvoir demander réparation. Il est possible de se retourner directement contre la banque, notamment au titre d’un manquement à son obligation de surveillance et de vigilance. En constatant des mouvements de fonds inhabituels, la banque doit procéder à des contrôles plus poussés. La banque peut ainsi être condamnée à rembourser intégralement les sommes versées suite à la fraude.