D’après une enquête récente de l’Autorité des marchés financiers, les enjeux de développement durable impactent les choix en matière d’épargne de plus de la moitié de nos compatriotes.


Est-ce les épisodes consécutifs de canicule, de sécheresse, d’inondations et, plus récemment, de tempêtes qui ont fait prendre conscience aux Français de l’importance du développement durable ? Selon une étude, intégrée dans le dernier Observatoire de l’épargne mis en ligne le 27 octobre 2023 sur le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et réalisée par l’institut de sondage OpinionWay auprès de 2.001 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, les deux tiers (66%) des personnes interrogées déclarent que cet enjeu est important pour elles.

Les sondés sont 87% à avoir modifié leur manière de consommer, 82% de se nourrir, 74% de se déplacer, 69% de se loger et… 54% d’épargner. Il faut dire qu’ils sont mieux informés sur de dernier point : 57% des répondants sont capables d’expliquer en quoi consistent les placements responsables, soit 5 points de pourcentage de plus qu’en 2021. Et parmi eux, près de la moitié (49%) ont entendu parler des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).


Des avantages identifiés

Toujours d’après l’étude commanditée par l’AMF, 56% des répondants citent au moins un des avantages (soutien à la transition écologique, financement de projets durables…) qu’offrent ce type de produit financier. Au final, 43% des déclarants se disent intéressés pour en savoir plus sur les placements responsables, contre 40% il y a deux ans. Reste que le tableau s’avère moins idyllique qu’il n’y paraît au premier abord.

En réalité, la proportion de Français détenant des placements responsables a peu évolué, passant de 17% en 2021 à 19% en 2023. Ces derniers sont 43% à posséder un livret de développement durable et solidaire (LDDS), 42% des fonds responsables (FCP, Sicav, ETF, SCPI, OPCI) et 37% des actions ou des obligations d’entreprises répondant aux critères ESG.


Une satisfaction en baisse

Plus problématique : 71% des épargnants sondés sont satisfaits de leur placement durable, contre 76% en 2021. Leur plus gros reproche porte sur la rémunération : si le niveau de rendement convient à 59% d’entre eux, ce pourcentage a chuté de 10 points en l’espace de deux ans.

La flambée des prix énergétiques provoquée par la guerre en Ukraine a profité aux producteurs d’énergies fossiles polluantes (pétrole, gaz, charbon). À l’inverse, les sociétés en pointe dans la transition écologique ont souffert de la hausse des taux d’intérêt instaurée par les banques centrales pour juguler l’inflation qui a poussé les investisseurs à privilégier les emprunts d’État, plus rémunérateurs et nettement moins risqués que le « private equity » (entreprises non cotées).

Pas un critère de choix prépondérant

La perception des placements responsables s’est également dégradée : 11% des Français en ont une mauvaise image, contre à peine 8% en 2021. Un tiers (33%) jugent les différents labels trop confus et 31% regrettent un manque de transparence. Ce dernier reproche a bondi de 11 points de pourcentage en deux ans.

En vérité, l’impact du développement durable importe peu dans le choix des investissements. Pami les critères de sélection d’un produit financier, la dimension ESG est citée par 26% des sondés, loin derrière la disponibilité (53% des citations), la rentabilité (60%) et la sécurité (71%) du placement. Les principaux freins évoqués à la souscription d’un placement responsable sont une capacité d’épargne limitée (48%) et la crainte du « greenwashing » (36%). 


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